La pilule connectée : Abilify MyCite, aux limites de l’innovation ?

Par Aïseta Baradji

Les innovations technologiques en santé sont particulièrement marquantes de par la synergie des disciplines quelles peuvent regrouper : savoir scientifiques, technologies digitales, électroniques et sensorielles. En cette instance, 2017 a vu apparaître sur la validation par la FDA (Food and Drugs Administration), l’agence d’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, du brevet déposé par Otsuka et Proteus Digital Health pour la pilule « Abilify MyCite». Abilify est la toute première pilule digitale approuvée à la commercialisation.

Ingérée, la pilule Abilify délivre un antipsychotique dans l’estomac et transmet un signal au patch porté sur l’abdomen ou le bras du patient. Le patch est en liaison avec un smartphone qui envoie l’information directement au médecin. Cette invention associe le développement d’un composé actif pharmaceutique, le aripiprazole est le résultat décennies de recherche scientifique, publié pour la première fois en 1995, a une technologie digitale pour une gestion plus efficace du traitement des troubles psychotiques.

Cette invention est révolutionnaire de par sa nouveauté mais aussi par son utilité, en effet ce système pourrait permettre au patient d’éviter les oublis de prise des médicaments aussi au médecin de vérifier qu’ils ont bien été pris. Un aspect crucial des traitements psychotiques. Outre l’aspect innovant et utile de ce « médicament-appareil », il est d’autant plus marquant qu’il a suscité des questionnements quant à l’éthique de son utilisation. En effet, il est décrit comme un outil de contrôle de la prise des traitements par les malades ce qui soulève la question de l’obtention du consentement du malade pour être surveiller, voire de subir une pression psychologique à la prise du traitement, et du traitement des données prélevées par la pilule.

En effet, à l’aube de l’ère des données, l’année 2017 a vu apparaître des scandales de gestion des données privées qui a catalysé la révision de politiques organisationnelles et gouvernementales de gestion des données. La pilule Abilify MyCite est donc apparu dans un paysage sceptique et enclin à la protection des utilisateurs, et a donc suscité la polémique autour de sa commercialisation.